CONFÉRENCE GSJP ASIA: NOVEMBRE 9 – 11, 2020
Prophets and Proclaimers of the Good News in a Post-Pandemic World: Challenges and Opportunities for Religious Brothers.
Discours inaugural de Frère John Kallarackal, SG, Supérieur général
Salutations à vous tous de Rome.It est certainement une joie pour moi de me joindre à vous tous ce matin / après-midi et de faire partie de cette première conférence en ligne GSJP, organisée conjointement par le Secrétariat Asie-Pacifique du GSJP et la Commission JPIC du Conseil national des Frères en Inde.J’avais exprimé quelques doutes à Frère James et Frère.Varghese sur ma présence aujourd’hui en raison de l’intervention chirurgicale que j’ai eue, il y a environ 2 semaines.Mais, je suis heureux que par la grâce de Dieu, je puisse être présent, pour cet événement important dans la Congrégation où presque toute la direction de l’Administration centrale et les 10 différentes entités anglophones d’Asie et d’Afrique de l’Est sont présentes.
Avant de penser à un message, permettez-moi tout d’abord de dire publiquement ma sincère gratitude aux organisateurs de ce méga événement, en particulier Bro.James TK, l’Assistant Général en charge du dossier JPIC, FrèreIrudayam M, coordonnateur national de la Commission JPIC, et Bro.Varghese Theckanath, secrétaire exécutif du Secrétariat Asie-Pacifique du GSJP.Il est en effet très encourageant de voir un si bon nombre de participants, ce qui est pour moi une preuve de votre engagement pour la cause de la justice, de la paix et de l’intégrité de la création.Permettez-moi également de profiter de cette occasion pour remercier tout particulièrement toutes les personnes-ressources, qui viennent des différents coins du monde, afin de partager leur expérience et leur expertise dans leurs domaines respectifs au profit des Frères Montfort de St.Gabriel et leurs collaborateurs en mission, notamment.
Merci, frère Varghese, pour vos aimables paroles de présentation.Je vous remercie, Frère James, de vos chaleureuses paroles de bienvenue et d’avoir mis la Conférence en perspective.Je suis particulièrement heureux du thème choisi : Prophètes et proclamateurs de la bonne nouvelle dans un monde post-pandémique : défis et possibilités pour les frères religieux.C’est un rappel opportun de l’appel clairon donné par notre Règle de Vie et nos Constitutions : « Votre oblation totale à Dieu exige un amour dynamique dévoué pour tous les hommes et toutes les femmes.Conscients des plus pauvres d’entre eux, vous jouerez votre rôle dans la lutte de l’humanité pour le progrès, plus particulièrement à travers des activités éducatives » (LR 14).Nos quatre derniers Chapitres Généraux, à commencer par le 29e Chapitre Général en 2000, ont donné un nouvel élan à la dimension Justice et Paix de notre mission en tant que Frères Religieux.La mise en place de nouvelles structures comme le Secrétariat du GSJP en 2000, l’Institut Social Montfort en 2010 et le Secrétariat Asie-Pacifique du GSJP en 2016, est un vibrant hommage à l’engagement continu des Frères Montfort de St.Gabriel pour la promotion de la vérité, de l’amour, de la justice et de la paix.
En effet, je ne me lasse pas de rappeler aux Frères qu’en tant que personnes consacrées notre mission première est de participer à la triple mission commune de l’Église, c’est-à-dire l’Évangélisation, le Témoignage et la Promotion humaine, selon le charisme de chaque Institut. Dès le début de l’histoire humaine, telle qu’elle est révélée dans l’histoire du salut, Dieu s’est engagé à faire avancer Son Plan afin que le monde ait la vie en abondance (cf. Jn 10,10). C’est un fait incontestable qu’aujourd’hui des liens forts existent entre l’évangélisation et la promotion humaine. Aujourd’hui, la vie consacrée nous oblige à faire des choix incontournables dans l’élaboration des programmes pendant les périodes de formation initiale et permanente : une spiritualité incarnée, l’insertion dans la réalité des plus pauvres, le dialogue et la réconciliation comme chemin vers la paix et l’intégrité de la création. Cela posera certainement de grands défis comme, passer d’une formation théorique académique à une formation expérimentale ; passer d’une formation stéréotypée à une formation inculturée du vivre et de l’expérience ; assimiler dans sa vie des attitudes qui favorisent des changements par rapport à Dieu, à ses frères et sœurs et à la création ; vivre l’expérience de la filiation, de la fraternité, de la solidarité et de l’engagement. Elle implique un engagement qui exige une assimilation progressive et systématique des Doctrines sociales de l’Église, afin de discerner l’appel de Dieu dans les défis de la réalité sociale, et dans les réponses qui doivent être données, promouvant ainsi les valeurs de justice, la paix et l’intégrité de la création.
L’Église catholique est sans aucun doute la société la plus ancienne, la plus grande et à bien des égards la plus expérimentée au monde. Et pourtant, comme toutes les entreprises, la pandémie de COVID-19 a certainement mis toutes les institutions de l’Église sur le devant de la scène. Le monde change si rapidement que les initiatives et les solutions qui étaient fraîches il y a quelques semaines à peine sonnent maintenant dans l’esprit des dirigeants à la recherche d’idées pour suivre le rythme dans un contexte changeant. L’une des questions avec lesquelles beaucoup d’entre nous se débattent ces jours-ci est de savoir comment saisir cette crise actuelle et en faire une opportunité de grâce, et pour que notre foi en Christ resplendisse. Ils estiment que c’est maintenant l’occasion pour les institutions de l’Église de saisir habilement cette opportunité, de mettre en œuvre les leçons apprises des meilleures pratiques commerciales des entreprises prospères, afin de continuer à mener à bien la mission pastorale spécifique de l’Église en cette période de crise. Que signifie, dans ces nouvelles situations, aimer son prochain comme la Bible nous l’enseigne ? Nous devrons pratiquer les vertus de la générosité, de l’ouverture d’esprit et de l’attention aux faibles et aux vulnérables. Cela signifie que nous devrons être attentifs à ceux qui sont isolés, effrayés et à risque.
La nouvelle Encyclique Fratelli Tutti du Pape François est venue comme une intervention opportune dont nous pouvons nous inspirer, afin de trouver des solutions aux problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui : Comment être prophètes et proclamateurs de la Bonne Nouvelle dans un monde post-pandémique ? Bien que l’encyclique ait été initialement destinée à se concentrer sur les relations fraternelles entre les religions, illustrées dans la déclaration commune que le pape François a signée à Abou Dhabi avec le grand imam Ahmad Al-Tayyeb, au fur et à mesure que l’encyclique se développait, le pape François a élargi son champ d’application pour réfléchir sur le COVID-. 19 crise et sur les dangers et les opportunités créés par la nécessité d’y répondre. L’Encyclique commence par examiner les signes d’un manque de fraternité dans la société qui contribuent à un monde fermé. Cette liste est longue et complète, comprenant l’érosion des droits de l’homme, la domination des idéologies d’intérêt économique sur le bien commun, le traitement des réfugiés et les nombreuses formes de discrimination.
Au cœur de la réflexion riche, complexe et étendue que le Pape François nous propose dans Fratelli Tutti, nous trouvons la parabole du Bon Samaritain (Lc 10, 25-27). Elle propose la « compassion » et le « devenir prochain » comme sensibilité et manière d’agir qui permettent de guérir les blessés que chacun porte, de ne pas s’accrocher au rôle qui nous pousse à « passer à côté » des blessés, à renoncer à toute violence qui blesse ou tue la fraternité et se responsabiliser les uns les autres. Nous acceptons cette invitation lorsque nous nous ouvrons à la possibilité de partager le même d’un monde meilleur, dans lequel la dignité de tous est reconnue, dans laquelle les relations de solidarité sont générées à la recherche du Bien commun. La fraternité universelle n’est possible que lorsque nous vivons tous en paix. Le pape François insiste sur l’urgence d’ouvrir des chemins de paix et surtout de trouver des « artisans de paix » – La paix exige une justice qui se réalise à partir de la reconnaissance de la vérité. Le chemin de la paix est éclairé par la vérité à la portée de tous. La paix implique le dépassement de la pauvreté et de ses causes, c’est-à-dire la cessation de l’exclusion et l’intégration de tous dans la vie sociale, économique et politique.
Je suis sûr que les personnes ressources de ces deux jours apporteront plus de lumière sur ces aspects à partir des différents contextes, pour nous aider à trouver des façons concrètes d’utiliser ces défis comme des opportunités. Pour nous, Frères Montfortains de Saint-Gabriel engagés dans la mission éducative à différents niveaux, les journées COVID-19 nous ont donné l’occasion de réfléchir plus profondément sur le sens de la vie et les priorités que nous nous sommes fixées. En regardant notre avenir avec confiance et espoir, nous devons réfléchir aux objectifs et aux stratégies d’éducation que nous devons transmettre aux enfants qui nous sont confiés. Notre 32e Chapitre général nous a rappelé que notre mission éducative montfortaine devrait posséder l’avantage prophétique nécessaire pour embrasser les marginalisés, critiquer les éléments déshumanisants des cultures dominantes, lutter contre la discrimination fondée sur le sexe et offrir des paradigmes alternatifs (cf. 5.3). Si notre 32e Chapitre général nous a mis en garde contre les possibilités que les technologies de l’information et de la communication (TIC) et les outils de médias sociaux deviennent des réalités de notre temps, nous voyons que COVID-19 a forcé nos écoles à déplacer l’éducation des salles de classe physiques aux salles de classe en ligne, avec tous les défis et les opportunités qu’il offre. Nous devons accepter le fait que l’utilisation de la technologie dans l’enseignement sera inévitable et que cela conduira bientôt à une nouvelle ère où les meilleurs professeurs, qui connaissent bien à la fois leurs sujets et l’utilisation de la technologie, seront disponibles du monde entier aux étudiants. Sommes-nous préparés à ce changement radical dans le scénario éducatif et utilisons-nous ces défis comme des opportunités ?
Avant de conclure, permettez-moi, au nom de l’Administration centrale, de renouveler mes sincères remerciements aux organisateurs de ce webinaire, à toutes les personnes ressources et à vous tous les participants. Je prie et j’espère que ces trois jours aideront chacun de nous au niveau personnel à réaliser l’une des exhortations de notre Message du 30e Chapitre général, qui se lit comme suit : « Soyons audacieux et courageux face aux défis d’aujourd’hui » (§ 35).